Septembre 2013
Je suis au volant, le téléphone sonne.
Il est arrivé quelque chose.
Dans un mouvement de panique, je me dirige vers la maison de ma mère.
Un crépuscule rouge défile à travers la vitre du pare brise.
La platitude de la campagne s’étale à perte de vue.
L’ambulance est stationnée dans l’allée.
Je ne vois que les flash alternatifs des gyrophares.
Je sais que c’est ma mère qui est à l’intérieur.
Je ne peux plus penser. Mon coeur va éclater.
Elle s’est préparée à mourir.
Elle a revêtue une robe de velours vert.
Elle s’est parfumée d’une eau de toilettes aux agrumes.
Elle s’est contemplée dans un miroir en pied en se trouvant jolie.
Puis elle s’est emparée d’une paire de ciseaux et s’est sauvagement coupé les cheveux, à ras. Et plus rien. Pas d’explication.
Juste des traces et des souvenirs.
Cette pièce plongée dans la pénombre.
Le lit défait, une petite tache de sang sur un drap froissé.
Une masse de cheveux roux au sol.
Ma mère sanglée et sedatée. Ses lèvres desséchées, la mutilation capillaire.
L’espace d’une seconde, j’ai voulu photographier cette scène. Je ne l’ai pas fait par pudeur.
Mais ces images n’ont eu de cesse de me hanter comme autant d’incarnations de la détresse, de la douleur et de la vulnérabilité, modelées par le spectre d’une mort mise en scène.
Elles sont la genèse du projet -TRASHUMANCIA-
-PIA-
-La Morte de Ophelia-
-Inferno Slendente-
-Caramella Giovanna-
-L'Isteria della Dounia-
-Sanguinosa Noela-